Autrefois renommés pour leur richesse notamment en papillons, les pâturages jurassiens s’appauvrissent en termes de biodiversité. La microfaune notamment, mais aussi les insectes et la flore pâtissent de la pâture intensive des bovidés et des amendements apportés sur ces terrains calcaires pauvres en humus et par conséquent fragiles. Ces pratiques agricoles sont induites par l’obsession du revenu.
Or, penser le gain n’est pas penser. C’est un comportement réducteur à court terme qui exclut les autres paramètres de la question de la vie et de la survie des pâturages, et donc de la nôtre. Il est aujourd’hui plus que nécessaire de penser nos propres comportements, nos interactions, de réfléchir à la manière dont nous voulons et pouvons vivre la nature à long terme sur le plan quantitatif, et surtout qualitatif.
Pour sensibiliser à cette question et inciter à la penser, je crée un herbier instinctif des grandes plantes que je récolte en hiver. Il est en effet exclu de collecter des plantes vivantes en pleine floraison et maturité. D’une part, ces plantes sont déjà inventoriées et répertoriées et figurent dans un grand nombre d’herbiers scientifiques. De l’autre, il est inutile de prélever des échantillons vivants supplémentaires pour les besoins de l’art. Pour mon usage, les plantes mortes présentent une structure suffisamment reconnaissable et typée, même si leur détermination précise est rendue difficile par l’absence des éléments floraux caractéristiques.
L’installation herbarium jurasiensis fait figure de lanceur d’alerte en faveur de la biodiversité de la flore et de la microfaune des pâturages jurassiens. Un livre d’artiste où figurent les noms des espèces récoltées complète l’installation.